Les enfants hyper-fonctionnants et le confinement

photo de Adrien Olichon

Le confinement est difficile pour tout les monde. Un peu moins pour les casaniers mais chacun doit faire avec. Les habitudes sont bousculées, l’inconfort est de mise et la privation des libertés est insupportable.

Pour les enfants hyper-fonctionnants, le confinement est compliqué à vivre pour plusieurs raisons.

Photo prise par Toa Heftiba Şinca

D’abord, le changement des habitudes déstabilise l’enfant hyper-fonctionnant. Les cartes semblent être redistribuées. En effet, l’école à la maison interroge les statuts de chacun qui demandent à être redéfinis. Chaque personne de la famille doit se voir réattribuer un rôle précis.

Est-ce que maman devient enseignante ou est-ce qu’elle vérifie juste que les devoirs sont faits ?

Est-ce que papa devient professeur ou est-ce qu’il est CPE ?

Chaque chose doit être posée, explicitement. Pourquoi pas lors d’un conseil de famille ?

Ce sont les parents qui décident, ils peuvent prendre l’avis des enfants, surtout quand ils sont ados, mais la décision doit appartenir aux parents. Attention, les enfants hyper-fonctionnants sont les rois de la négociation. Ils savent où appuyer pour vous faire plier. Ils peuvent aller jusqu’à pleurer…

Ensuite, l’angoisse est omniprésente.

Photo prise par Guduru Ajay bhargav

L’épidémie est inconnue et personne ne semble savoir comment l’endiguer. Le manque de contrôle est également une source d’angoisse immense pour les enfants hyper-fonctionnants, et pour leurs parents.

Vous devez donc identifier votre angoisse si elle existe, l’apaiser, sinon, il sera difficile pour l’enfant d’être rassuré par cet adulte qui ressent le contraire de ce qu’il dit :

« Tout va bien, mais moi je flippe ! ».

Cette épidémie fait remonter les angoisses des questions existentielles liées à la mort. Des comportements peuvent alors resurgir alors qu’ils paraissaient avoir été jugulés. L’enfant peut se mettre à avoir des terreurs nocturnes, des cauchemars, de l’énurésie, de l’insolence, des troubles du comportements, de l’apathie, des tics…

Il parait donc essentiel de le sécuriser.

Pour cela, il semble nécessaire de leur permettre de comprendre. Les enfants hyper-fonctionnants doivent pouvoir être renseignés sur la maladie, son fonctionnement, sa propagation, ses conséquences, les traitements tentés, le taux de mortalité…

Une fois la réponse à toutes les questions donnée, il faut alors recueillir les émotions ressenties.

Ils peuvent être tristes pour toutes les personnes qui ont perdu la vie, pour leur famille, ils peuvent ressentir de la colère contre ce virus qui nous oblige à changer toutes nos habitudes, de l’impuissance ou encore de la peur de perdre leurs proches…

Ce sont ces émotions conscientes et surtout inconscientes qui induisent des comportements difficiles ou des cauchemars.

Photo prise par darksouls1

Aussi, les cauchemars doivent aussi être interprétés, ils sont un message de l’inconscient.

Tant que le message n’a pas été pris en compte, l’inconscient continue à en envoyer par son mode de communication privilégié: les rêves.

D’une part, il est important de décortiquer les cauchemars pour les démystifier.

Ensuite, il faut revenir sur les émotions ressenties pendant ce cauchemar : de l’injustice, de la colère, de la culpabilité… Puis il faut ensuite retrouver les situations dans lesquelles l’enfant a ressenti ces émotions et en parler. Est-ce une émotion vécue ou ressentie ? Est-ce une émotion ressentie à travers un personnage de roman, de BD, de dessin animé, de film ? Est-ce une émotion qui découle de l’empathie de l’enfant ? A-t-il été témoin d’une discussion, d’un événement qui l’a impacté ?

Bref, toute émotion qui n’aura pas été identifiée et digérée ressortira d’une manière ou d’une autre. Il est donc très important d’en parler.

Pour juguler l’angoisse et la déstabilisation, l’enfant hyper-fonctionnant a besoin d’un cadre très précis. Il est temps d’instauré de nouvelles règles conséquentes.

Pendant le confinement, la tentation à s’abreuver d’écrans et à se coucher tard est grande.

Photo prise par Маша Реймерс

Hors, la fatigue est un des pires ennemis de l’enfant hyper-fonctionnant, le sommeil doit donc être respecté.

Concernant les écrans, ils deviennent d’une part la source quasiment unique de connaissance et de lien social, d’autre part, ils anesthésient le cerveau et sont utilisés comme réponse à l’angoisse et à la peur du vide.

Il faut être attentif, car chez les enfants hyper-fonctionnants, aucun écran n’est anodin. Les émotions ressenties doivent toujours être analysées. Il faut être attentif au temps passé sur les écrans, car le nombre d’images envoyées au cerveau est grand, et les enfants hyper-fonctionnants vont toutes les captées, même si le cerveau ne les traitera que pendant la nuit, les empêchant de dormir ou leur faisant faire des cauchemars…

Pendant le confinement, les enfants hyper-fonctionnants ont besoin, comme les autres, de se dépenser et de faire du sport : devant une vidéo (https://www.france.tv/france-3/restez-en-forme/) ou dans le jardin, le tout c’est de bouger au moins 2h par  jour ! Et pourquoi pas une nouvelle règle : 1 minute de sport pour 1 minute d’écran ? N’oubliez pas de mettre un taquet : par exemple maximum 2 heures, car ils savent très bien exploiter les failles d’un règlement …

Vous pouvez aussi les emmener en balade et leur faire une chasse aux détails durant ce temps à la manière d’un « escape game » à l’envers.

Par exemple : on a 1 heure max pour voir un oiseau, un chien et des volets bleus !

Ou alors : photographier des lettres pour former un mot, ou faire un abécédaire…

Enfin, on ne le dira jamais assez, les hyper-fonctionnants ont besoin d’entrer en action. Certains sont naturellement mus par une compétence innée de persévérance, d’autre ont besoin d’être accompagnés pour prendre l’habitude de démarrer les choses et d’aller jusqu’au bout.

N’importe quel projet peut faire l’affaire ! Il faut juste apprendre à le couper en plusieurs morceaux et ne pas se décourager à la première déconvenue.

Je vous donne en exemple notre projet familiale de « voyage depuis notre canapé » dans ma page des activités, bonne lecture !

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